Les petits poissons d’Odette

La dernière tétée

1 janvier 2017

J'avais déjà essayé il y a quelques mois, il y a quelques semaines, pour capituler à chaque essai… Finalement, c'est à la faveur d'un traitement par Célestène à te donner « dans un fond de biberon » quelques jours avant tes 11 mois que nous avons entamé le sevrage. Le lait de croissance que tu recrachais, le biberon que tu rejetais, tout à coup tu les acceptais et tu en redemandais. Soit.

(Je n'ai pas choisi le lait et le biberon au hasard non plus, il faut le dire : j'ai pris du lait de croissance bien sucré — pas bio du tout — et un biberon que tu connaissais déjà.)

J'ai décidé (pas pour la première fois) que je ne te donnerais plus de tétée sur seins « souples ». J'ai donc rapidement remplacé plusieurs tétées par jour par des biberons ou de simples câlins. J'ai été surprise que tu acceptes aussi facilement un biberon de lait tiède à la place de la tétée éternelle du soir. J'ai été encore plus étonnée de constater que tu t'endormais bien plus sereinement (… et rapidement) après un biberon qu'après une tétée.

Pourquoi le sevrage marche-t-il aussi bien maintenant alors que toutes les précédentes tentatives ont cessé dans les larmes et les cris ?

Peut-être qu'il existe bien un épisode où le bébé se désintéresse du sein entre 9 et 12 mois. Peut-être que la dernière fois ça a foiré parce que j'ai malencontreusement essayé de sevrer pendant ton pic des 9 mois. Désolée, personne n'est parfait ! (En même temps, tu m'avais mordue, eh.)

J'étais peut-être un peu plus motivée cette fois que les précédentes, aussi. Les retours des crevasses après plus de 10 mois de tranquilité, c'était vraiment plus difficile que les petites mastites que j'avais subies les lendemains d'engorgement. Quand tu as décidé de mordre mes mamelons déjà fragiles avec tes petites dents toutes neuves, j'en ai eu marre encore plus que d'habitude. Et il y a ces multiples griffures sur mon ventre et mes seins que tu me laisses à chaque tétée. Effectivement, j'en avais marre et les bons côtés de l'allaitement ne suffisaient plus à me motiver à continuer.

Peut-être que tu as senti ça, et que tu as décidé que tu préférais un biberon donné par une maman tranquille plutôt que le sein d'une maman tendue ? Peut-être juste que tu as la dalle et que le débit du biberon est plus rapide que celui du mamelon. En tout cas, ça passe crème et j'en profite. (J'adore te voir griffer le biberon à la place de mon ventre. Grave.)

Vu la tension dans ma poitrine au réveil, je continue de te donner le sein le matin, mais pour combien de temps ? La dernière tétée approche. Je l'attends avec sérénité.

J'aurai allaité environ 11 mois. Ça n'a pas été un long fleuve tranquille, plutôt une succession de hauts et de bas entre la facilité logistique, les douleurs diverses, les moments de tendresse et les épisodes de fatigue extrême. Ça me va d'arrêter l'allaitement maintenant que tu es d'accord… Je craignais de me sentir « moins » maman en cessant l'allaitement, un peu comme je me suis sentie « demi-mère » en donnant un biberon à ta grande sœur le lendemain de sa naissance. Je suis soulagée de ne pas ressentir ce genre de chose maintenant que le sevrage approche pour toi. J'ai fait mon possible, je suis arrivée au bout.

Ça me va.

Mais maintenant, écoute-moi, baby.

Boire du lait de vache ne t'autorise pas à manger les croquettes du chat.

Bisous,

Maman.

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